dimanche 16 octobre 2011



Max Etienne Rey-Charlier, dit Maxon
Né à Port-au-Prince le 1er juillet 1949
parti pour le grand voyage le 6 octobre 2011 à Montréal

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Notice biographique
(par Ghilslaine, André, Gérarda, Vélina, Monique D. et Maguy M.)


Max Etienne Rey-Charlier, dit Maxon

Né à Port-au-Prince le 1er juillet 1949, parti pour le grand voyage le 6 octobre 2011 à Montréal.

Militant, artiste, poète, père, époux, compagnon. Passionné d’Haïti.
Fils de feu Etienne Charlier et de Ghislaine Rey-Charlier.

Le benjamin de trois frères (André et feu Jacques), il vécut une enfance choyée, gâté en particulier par sa grand’mère maternelle, mamie Ma. Après la mort de son père et l’exil de sa mère alors qu’il a dix ans, il rentre à Jérémie pour compléter ses études. Il vit chez sa grand'tante Clara Rey qui le traite comme un prince, certes, mais lui apprend aussi l’autonomie et le sens des responsabilités.

Une intelligence exceptionnelle - dès l'âge de 16 ans, il commence à enseigner, après avoir réussi son Bac II à 15 ans.

À 18 ans, il part pour le Sénégal étudier l'anglais. Il y prend part à une grève des étudiants de l'Université de Dakar. Arrêté, il est emprisonné dans un camp militaire d'où tous sont expulsés vers leur pays d'origine. Des étudiants maliens, qui l'avaient adopté comme Peul, l'amènent au Mali !

1968 - Du Mali il va à Paris rejoindre Ghislaine (qui y est depuis juin 1963)

Fin 1968 - rentre à Montréal rejoindre Ghislaine, qui y était arrivée en octobre

1969 - à l'insu de Ghislaine et de tous - sauf de Max Chancy, il quitte Montréal pour Haïti

Bien avant son départ pour le Sénégal, il était déjà engagé dans l'action communautaire et la militance politique et sociale. À son retour en Haïti il poursuit dans la même veine, et retourne aussi à l'enseignement. Une passion pour la paysannerie l'amène également à travailler à Fonds-Parisien et Fonds-Verrettes, où il construit entre autres des maisons pour les paysans.

Il travaille aussi à Gébeau, dans la région de Jérémie, dans le développement communautaire. Grand amoureux de la région et surtout de Jérémie, ville natale de sa mère,  il s’y établit et fonde, avec d’autres jeunes, le journal Asôtô, outil de conscientisation sociale.

Parallèlement, sous l'influence de Roger Mercier - qui s'est révélé être un indicateur de police qui posait au Maoïste - , il rejoint le PCH - Parti communiste haïtien à ne pas confondre avec le PUCH (Parti unifié des communistes haïtiens). Ce même Roger Mercier qui le dénonce, lui et plusieurs autres camarades, en mars 1976. Maxon est alors arrêté et emprisonné aux Casernes Dessalines où il passera les neuf prochains mois. Il y subit torture (coups de bâtons ; brûlures de cigarettes, etc.) isolement, et autres exactions. Le 24 décembre 1976 Maxon et d'autres camarades sont libérés et exilés. C’est ainsi qu’il arrive en France, émacié, malade, tuberculeux. Grâce à la qualité des soins qu’il y reçoit, il se rétablit et retourne à l’attaque ! Pourtant, à son insu, bipolaire, et son cerveau, torturé par les sbires de Jean-Claude Duvalier, l’affectera toute sa vie.

·         1977 – après un court séjour chez son frère Jacky aux États-Unis, il part pour le Guatémala et travaille de près avec les communautés amérindiennes.

·         1978 – retour aux États-Unis pour un temps, puis destination Canada

·         1978-1986 – vit à Montréal. Grâce à Ghislaine, rencontre Gérarda et Chango. Étape déterminante. Avec Dada et d’autres camarades, il fonde Kesouwawa, groupe d’artistes engagés. Militance, création artistique, études. Et travail, principalement en garderie. Maxon disait préférer la compagnie des enfants à celle des adultes, et ils le lui rendaient bien.

·         1986 – C’est le grand retour au pays natal ! « L’une des rares personnes qui ont compris que pour changer ce pays, il fallait éduquer les jeunes. Il en a fait son crédo. » Vélina. C’est ainsi qu’il commence à enseigner le créole, met de l’avant l’importance d’une production nationale et de parler une langue que le peuple comprend.

·         De 1994 à la fin de sa vie, il fait le va-et-vient entre Montréal et Gonaïves, selon le climat politique et sa santé.

·         Avec un groupe d’amis, il fonde Alfago (Alphabétisation Gonaïves), regroupement de jeunes dont la mission est d’aller faire de l’alphabétisation en région pendant les grandes vacances. Il a porté le modèle à travers plusieurs départements du Grand Nord.


Maxon était un homme mystérieux et secret, en particulier en ce qui concernait sa spiritualité. Il y a plusieurs années, il était devenu croyant, croyant et pratiquant vaudou. « Je ne peux prétendre lutter pour le peuple et ne pas embrasser sa religion et sa culture. » Maxon fréquentait régulièrement les cours sacrées. Il pratiquait ses croyances dans le silence et la simplicité. Serviteur, il répondait toujours présent à l’appel d’une âme en détresse. Maxon était un franc ginen, un être authentique, en harmonie dans ses paroles, ses pensées et ses actions.


*_*


Poèmes de sa fille Vélina

C’est fini !

Aujourd’hui, à cette minute, en cet instant
Plus rien ne sera jamais comme avant
Mon père est parti
Mon Ti Maxon est parti, c’est fini.

À cette minute, en cet instant
Pendant que brisé mon âme s’effondre
Il est sur les rivages de ce pays qu’il a tant aimé
À l’anse d’Azur
Dansant Banda, Petro, Rada avec les loas que lui seul connaît

À cette minute, en cet instant
Pendant que je m’efforce de ravaler mes larmes
Il est heureux, je le sais, je le sens

À cette minute, en cet instant,
Pendant que je me noie dans les souvenirs
Sur son cheval blanc, fier
Il apprend à dessiner à David
Et parle musique avec Tristan

À cette minute, en cet instant,
Pendant que ma gorge me brûle de cris non lancés
Il parle politique à Papi Etienne
Et fait des projets pour Haïti avec les anges

À cette minute, en cet instant,
Pendant que vidée, j’ai perdu le Nord
Je sais une vérité
Mon père est bien
Dans ce pays qu’il a tant aimé.

Vélina Élysée Charlier, 13 octobre 2011, Montréal



*


Tu es parti !

Tu es parti comme tu as vécu
Seul
Sans un bruit
Sans un mot
Ta cigarette au bec
Tes pensées pour toi seul
Toujours mystérieux

Tu es parti
Nous laissant ici,
Continuer ce chemin que tu as tracé
Cette lutte que nous n’avons toujours pas gagnée

Tu es parti
Seul
Comme tu as vécu
Silencieux
La tête dans les nuages

Tu es parti
Nous laissant seuls
Me laissant seule avec ma peine.

Vélina Élysée Charlier, 13 octobre 2011, Montréal




*_*


Ce que Maxon évoque
pour plusieurs réunis le samedi 15 octobre
pour saluer son départ :

Générosité * Vitalité * Honnêteté * Liberté * Force tranquille
Héros tragique * Ami fidèle * Fier d’être Noir * Serviteur
Combattant * Lucide * Tendre * Brave * Bienveillant
Patriote * Pur * Amoureux d’Haïti * Critique
Courageux * Tendre * Rassembleur * Vertical



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Comité contre l’impunité et pour la justice en Haïti (CCIPJH)

Pas de vraie démocratie sans justice !

* Appel à témoigner

* Fort-Dimanche, Fort-la-Mort, quatrième édition - http://www.amazon.com/


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